Résumé/Présentation |
Comme chaque année sans désemparer, l'anniversaire de l'assassinat de Patrice Lumumba en 1961 sera célébré par divers groupes qui se réclament de son 'exemple'. Son nom est indissociable d'un certain nombre de discours, de 'paroles', qui ont été présentés parfois comme une 'pensée', mais également de représentations iconiques aussi bien fixes qu'animées. La qualification de 'prophète' a souvent été mobilisée pour raconter la vie et l'oeuvre de cette figure historique, illustrées notamment par le film de Raoul Peck : 'Lumumba, la mort du prophète' (1991). S'agissant d'un héros profane dont le discours est essentiellement politique et dont la postérité est largement internationale, il ne saurait bien entendu être réduit aux phénomènes sectaires et aux messianismes de la sous-région. C'est cependant bien une figure du politico-religieux qui est commémorée, indissociable d'un narratif qui organise à la fois une temporalité vectorisée à partir d'une rupture ancestrale (le sacrifice du héros pour une collectivité nationale, continentale, raciale, voire universelle), et une axiologie (la libération, le progrès) déterminant elle-même une topologie sociale (les héritiers du message nouveau ayant à affronter sans cesse les descendants des assassins, tenants de l'ancienne oppression, eux aussi de plus en plus associés par les premiers à une autre figure, celle de Léopold II, qu'on pourrait voir comme 'l'anti-prophète'). Le discours politique, la poésie, le cinéma, la peinture congolaise dite 'populaire' (mais on pourrait aussi évoquer la mode et d'autres aspects) sont autant de genres-supports de cette 'mémoire prophétique'. (communiqué) |