Résumé/Présentation |
"Nous connaissons les faits : en mai 1978, la ville de Kolwezi est occupée par une troupe armée en provenance d'Angola via la Zambie. Au bout de quelques jours, un parachutage de légionnaires français vient au secours du gouvernement zaïrois de l'époque, dans une "opération humanitaire" ; ils sont suivis de troupes belges, moins soucieuses quant à elles d'affronter les "rebelles" que d'évacuer les nombreux Européens, essentiellement des salariés de la Gécamines et leurs familles. La conférence ne s'intéressera pas à l'histoire même de ces journées marquées par des violences dont le bilan reste imprécis, mais plutôt au roman qu'en a tiré, en 1989, Valentin-Yves Mudimbe, sans doute le romancier congolais le plus connu internationalement, notamment du fait d'une carrière d'intellectuel menée aux Etats-Unis. Que peut en effet le roman, - et donc la littérature, la fiction -, lorsqu'il est "historique", c'est-à-dire lorsqu'il prend sa "matière" dans un épisode comme celui-là ? De toute évidence, Shaba deux ou les carnets de Mère-Marie Gertrude (Présence africaine, 1989) n'est pas un livre d'historien ; ce n'est même pas un "récit historique" : c'est une "fable", écrit l'auteur, écrite à d'autres fins que celle de proposer des souvenirs ou d'établir la "vérité" factuelle. Quelles fins ? en recourant à quels moyens littéraires ? Telle sera notre question. Mais pour y répondre, rien ne vaut le détour par les récits "historiques" nombreux qui ont été proposés du même épisode par les mémorialistes de la Légion étrangère, tantôt dans des essais d'histoire plus ou moins romancés, tantôt au cinéma, là aussi en "fictionalisant" les événements pour en faire une mémoire simplifiée, épique, tout à la gloire des héros libérateurs, à mille lieues de la mémoire construite par l'écrivain." |